Etrusqueries
Laeticia de Bazelaire
Les sculptures de Laetitia de Bazelaire sont une réflexion singulière sur les rapports originels et primordiaux entre l'homme et la nature. Elle utilise l'imaginaire du mythe, mais aussi notre propre histoire, pour créer un bestiaire peuplé d’êtres hybrides et de simples « Êtres humains » aux bras absents, statiques et solitaires, qui contemplent notre agitation moderne. L’artiste invente un langage et un univers onirique où se mêlent l’animalité, la communauté des êtres et le sacré.
D’inspiration antiques, ces figures essentielles et familières faites de bois blanchi à la chaux, ne se dégage pourtant aucune « inquiétante étrangeté ». C’est plutôt à une douce présence de l’étrange que ces sculptures nous convient.
Ce sont des œuvres silencieuses, des êtres magiques qui se dressent, calmes et solides, au milieu de notre espace, et qui nous observent. Nous sommes regardés par ces œuvres bien plus que nous ne les regardons. C’est le retour d’un monde passé qui surgit sous nos yeux et nous interpelle, sans mot dire...
Laetitia de Bazelaire considère « que notre société a besoin de mythes et de croyances, car la fonction du mythe est de donner une signification au monde et à l'existence humaine ». Ses sculptures tentent donc de réitérer des événements fabuleux, exaltants, significatifs, comme le font certains rites. La sculpture a ici cette fonction d’Incarnation au sens propre, c’est-à-dire de manifestation du sacré. Si la modernité se caractérise par un désenchantement du monde, cela veut dire que notre monde s’est dépeuplé. Il s’agit donc de le repeupler de personnages mythologiques, de figures humaines intenses, d’êtres hybrides et de mystères, afin qu’ils nous soient à nouveau contemporains.
Jean-François Jaudon
« Je me propose de dire les métamorphoses des formes en des corps nouveaux; ô dieux (car ces métamorphoses sont aussi votre ouvrage), secondez mon entreprise de votre souffle et conduisez sans interruption ce poème depuis les plus lointaines origines du monde jusqu’à mon temps. »
Ovide, Les Métamorphoses, Livre premier.