tirage taille douce à partir d’une plaque qui a reçu l’empreinte d’un cliché.
Je l’utilise comme une ré-interprétation d’un procédé ancien, sans maniérisme ou nostalgie: c’est la texture provoquée par le passage dans la presse qui m’intéresse, cet effet de matière qui trouble la photographie.
Marie-Pierre Morel
"L’hiver dernier, un ami m’a offert des pierres lithographiques
Ces matrices sont lourdes à manipuler, difficiles à déplacer
Elles sont à la fois denses et fragiles
Leur tranche est grumeleuse, pleine d’aspérités, tandis que leurs faces sont rigoureusement lisses,
d’une belle teinte sableuse
Leur brutalité sans artifice m’inspire
Installées sur ma sellette, elles deviennent des sculptures
C’est une évidence!
Placer ces pierres devant l'appareil photographique revient à utiliser cette pulsion, cette acuité renforcée du regard: être là, présente, lucide
Regarder
Une harmonie apparait, comme une conjonction idéale entre ce que je vois et ce que ces pierres évoquent d’histoires enfouies
Et puis il y a un deuxième temps, loin de la fraction de seconde
Un temps qui se rapproche de celui du dessinateur avec la rehausse des tirages sur le papier de gravure
Un temps de réflexion
J’aime cette tension qui existe entre ce que je place face à mon objectif et sa transposition sur le papier
La photogravure est devenue ma technique de prédilection. C’est en explorant les techniques anciennes que j’ai découvert ce procédé proche de l’héliographie au grain. La première invention de Niepce est une sorte d’eau forte photographique, un moyen photo-mécanique pour obtenir un
tirage taille douce à partir d’une plaque qui a reçu l’empreinte d’un cliché.
Je l’utilise comme une ré-interprétation d’un procédé ancien, sans maniérisme ou nostalgie: c’est la texture provoquée par le passage dans la presse qui m’intéresse, cet effet de matière qui trouble la photographie.
La lourde presse ancienne difficile à manier, l’odeur de l’encre grasse que j'étends sur le miroir, le choix et la préparation du papier, j’aime ce travail artisanal avec ses rituels
Vient ensuite le moment des rehauts, le plus calme, le plus méditatif: le plaisir de fabriquer des images
Retrouver de la lenteur et toujours regarder
Bien regarder"