Philippe R. Berthommier est un artiste dont le travail explore les liens entre cultures et horizons. Influencé par l'exposition "Les magiciens de la Terre" en 1989, il ouvre son art à une réflexion globale, mêlant mémoire et résilience. Ses œuvres, présentées à travers le monde, naissent de rencontres et de collaborations, bâtissant un univers où chaque création est un dialogue poétique avec le monde.

Philippe R. Berthommier

1989, Philippe R. Berthommier intègre l’école supérieure des beaux-arts de Tours ; il vient de terminer une formation de décorateur céramiste au lycée d’état Henri Brisson de Vierzon. La même année, le centre Pompidou et la grande halle de la Villette accueillent du 18 mai au 14 août 1989 l’exposition « Les magiciens de la Terre, ou comment passer d’un art mondial à un art global ».
Jean-Hubert Martin invitait des artistes de tous les continents, déstabilisant un monde de l’art contemporain exclusivement limité aux frontières de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Voyageant et se tournant vers des artistes enracinés dans des cultures ancestrales, résistants au post colonialisme, en lutte contre le totalitarisme, et surtout curieux de l’ouverture planétaire émergente. Un double tabou était brisé ; celui selon lequel il n’existait d’art contemporain qu’en occident, et celui qui interdisait de montrer des œuvres de cultures différentes côte à côte.
Cette exposition marque durablement son rapport à l’art et la façon de questionner et d’ouvrir sa pratique artistique (essentiellement picturale) à une pensée globale tournée vers le lien. Il s’intéresse aux œuvres de Per Kirkeby, Wolgang Laïb, Joseph Beuys, Richard Texier, Anish Kapoor, Guiseppe Pennone et beaucoup d’autres, l’histoire de l’art le passionne.
La 19 novembre 1997 paraît le « traité du tout monde » du grand Edouard Glissant : « J’appelle tout-monde notre univers tel qu’il change et perdure en échangeant et, en même temps, la vision que nous en avons. La totalité monde dans sa diversité physique et dans les représentations qu’elle nous inspire : que nous ne saurions plus chanter, dire, ni travailler à souffrance à partir de notre seul lieu sans plonger à l’imaginaire de cette totalité ». Edouard Glissant.
En 2008, Philippe R. Berthommier entame une série d’expositions au Maroc grâce à sa rencontre avec Alain et Maryvone Grunberg, le grand Théâtre Royal pour commencer, avec des formats monumentaux, ses expositions seront coproduites avec Luc Bonhomme, alors son agent. Il fait alors la connaissance de Maha Elmadi directrice du prestigieux palais Dar Bellarj, elle lui offre une carte blanche de six mois à la fondation où il investit l’ensemble des salles. On édifie dans la cour du majestueux Riad quatre murs enduits de tadellakt qui seront gravés à quatre mains avec le plasticien et calligraphe Azziz Bouyabrine. Il fait alors la connaissance de Mouley Youssef el Kafaï, artiste de renom au Maroc et fondateur de la galerie Point on line, qui l’invite à exposer en octobre et novembre 2009, et l’invite à le visiter dans son atelier de la campagne marocaine. Jean José Rieu, alors directeur de l’institut français de Marrakech, lui propose une résidence dans le prestigieux Riad Masson. Il y séjourne et produit une exposition intitulée « Rumeurs » qui sera également exposée à Fès. Il profite de cette période pour visiter le sud marocain et découvrir les greniers collectifs de l’Atlas qui l’obsèdent depuis la conférence bouleversante de la grande Salima Naji, architecte et anthropologue. C’est une révélation, il décide de travailler une suite d’œuvres intitulées « greniers ».
En 2010, il fait la rencontre décisive des peintures de Michel Saint-Lambert, devenu son grand ami et fidèle compagnon. Né dans le bidonville de Saint-Denis de La Réunion et victime de ce scandale d’état nommé « Les enfants de la Creuse ». Le grand Saint-Lambert construit toute son œuvre sur cette résilience, c’est un grand choc. Ils décident dès lors d’unir leurs forces pour nourrir une œuvre d’échanges et d’ouverture. Depuis, sont nées des expositions, projets, tels que « Babel iconoclaste », projet international évolutif présenté à la Thomas Master Gallery de Chicago, l’orangerie du château de Vendôme et à la galerie Garnier-Delaporte, en collaboration avec Samuel Nissim, David Gista et Jean-Philippe Mauchien. De nombreuses expositions de groupe comme personnelles en Ukraine, Chine, Belgique, États-Unis, Allemagne présentent les œuvres du peintre tendues vers l’ouverture. Depuis 30 ans, les grandes familles thématiques tissées par Berthommier se nouent pour construire une œuvre ouverte produisant une carte heuristique de relations poétiques nourries de rencontres et d’échanges.